Kolinga

Eklektika

2016

musique

Kolinga : à l'heure de la maturité afro-folk depuis le Pays Basque

Un premier clip, une date de concert à Baroja le 14 avril, un tremplin musical à Pau le 20 avril dans son sac d’actualités, Kolinga est un duo afro folk formé depuis deux ans et que vous avez peut-être déjà croisé sur les chemins landais ou basques. Vous vous êtes arrêtés pour rêvasser sur sa voix fluide et entêtante ou sur la douceur mélodique de ses notes de guitare. Si la rencontre n’est pas encore faite, elle ne saurait tarder, parce que quand le cœur, le geste et la pensée jouent du même accord, celui-ci résonne plus intensément. Eklektika est allé à la rencontre de ce duo, formé par la chanteuse Rebecca M’Boungou et le guitariste Arnaud Estor.


La Petite Amazonie. C’est ainsi qu’on appelle le lieu proche de nos contrées où le photographe, Fred Prat, a capté dans son boitier l’univers du groupe Kolinga. Ce lieu sauvage qui pourrait se situer dans n’importe quel endroit du monde révèle la source d’inspiration du duo, puisée dans ce contraste entre rugosité et douceur de la nature, que celle-ci soit végétale, animale ou humaine.


La musique de Kolinga mêle la douceur folk aux sonorités traditionnelles africaines et au groove plus américain, « issus de la diaspora africaine », raconte Rebecca. Des phrases simples, doublées, harmonieuses, rejoignent parfois la transe ou bercent nos esprits adoucis dès lors et pourtant plongés « à l’intérieur ». L’utilisation de looper sur scène a inspiré leur nom : Kolinga, qui signifie boucler ou lier, en Lingala.

« Je chante en anglais ou en lingala, la langue de mon pays d’origine, le Congo. C’est une façon pour moi de me reconnecter à cette culture », explique la jeune chanteuse. Et son chant vient de loin, du très profond, cet endroit en soi où la nature peut vous parler à l’oreille sans avertir le reste du monde.


C’est en 2013, lors du concert de Samarilayl au Caveau des Augustins à Bayonne que Rebecca M’Boungou découvre l’écrin profond du jeu d’Arnaud Estor. Celui qui a commencé par le métal pour aller vers le jazz manouche et américain joue également des percussions mandingues et souhaite se rapprocher des sons subtils et épurés africains. Touché par la générosité de la voix de Rebecca M’Boungou, il va alors échanger avec elle leurs inspirations pour créer leur musique métissée, constituée uniquement de compositions. Les textes, écrits par Rebecca, racontent une certaine nostalgie, les valeurs éprouvées par notre système sociétale, que l’art réanime parfois « en vers » et contre tout. « Il y a une implication très affective lorsqu’on joue ses propres textes. Parvenir à transmettre les sentiments avec lesquels on créé, est ce qui nous réjoui le plus »


Le duo travaille ensemble sur tous les détails du projet. « Aucun de nous deux n’arrive chez l’autre avec un morceau figé, on travaille à la collégiale », précisent-ils. Ce qu’ils ont fait pour le scénario du clip du titre Wild Child, une jolie animation réalisée par Sébastien Vion, ancien élève du BTS audiovisuel à Biarritz. Sur une musique douce teintée d’une pop mélancolique, le film dévoile dans un style délibérément naïf un petit garçon et un étrange ballon qui, quand on le touche, réveille l’enfant en soi, celui qui vous regarde pour voir ce que vous avez fait de sa joie. Le ballon est un jour perdu mais poursuit en fait son voyage, d’individu en individu, jusqu’à revenir un jour à son propriétaire initial, qui a bien grandi.

« Lorsque je suis allée au Népal, le regard des gens m’a touché. Il y a une certaine dureté dans leurs yeux mais dès qu’ils sourient, leur joie forte rappelle celle de l’enfance », explique Rebecca. « Quand on garde ce regard, on peut voir les belles choses de ce monde et les faire, aussi, poursuit Arnaud, c’est ce que nous voulions raconter dans ce clip ».  


Kolinga fait parti des dix groupes sélectionnés parmi soixante-quinze autres participants au tremplin musical Discoverse (enregistrement en studio gagné par Coldust en 2015) et jouera dans ce cadre le 20 avril au Show Case à Pau pour peut-être rejoindre la finale. En 2015, Kolinga a gagné le tremplin d’Africagac, dans le Lot, celui de la Scène au Champs, dans les Landes et celui d’EHZ au Pays Basque. Il jouera jeudi 14 avril à Baroja et on vous conseille de ne pas trop tarder pour réserver vos places.


Quant à ce qu’on souhaite à ces deux musiciens, un proverbe congolais le dit mieux que nous : « Peu importe la direction du vent, le soleil va toujours là où il doit aller ».


Kattalin Dalat


Le clip : https://www.youtube.com/watch?v=mBCuc4Dpaus


Site de Kolinga : http://www.kolinga.com/


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